Poème pour annoncer la venue du printemps
Puisque le printemps semble enfin à nos portes, voici un petit poème de William Chapman (1850-1917). Né à Saint-François-de-Beauce (Beauceville) d'un père anglophone et d'une mère francophone, il fréquenta le Collège de Lévis et l'Université Laval avant de délaisser ses études en droit. Journaliste libéral, il occupe plusieurs métiers, dont fonctionnaire, vendeur d'assurances et libraire. Durant les années 1890, il écrit des poèmes empreints de naturalisme et de patriotisme dans le style de Louis-Honoré Fréchette. Devenu traducteur au Sénat en 1902, il meurt à Ottawa en 1917.
Il a notamment été couronné par l'Académie française mais qui, comme bien des artistes québécois d'aujourd'hui, n'a pas obtenu au Québec autant de succès. Si le portrait biographique de Chapman que je viens de vous tracer ressemble étrangement à celui disponible sur Wikipedia, et bien c'est parce que c'est moi qui a aussi rédigé celui de Wikipedia...
Bien que légèrement mélancolique, voici donc un petit hymne au printemps :
Renouveau (William Chapman)
La nature a repris sa beauté, sa jeunesse
Partout c’est un réveil qui vient tout redorer,
Partout c’est un rayon qui réchauffe et caresse,
C’est un luth que la main des zéphirs fait vibrer…
Mais cependant, malgré tant d’éclat, tant d’ivresse,
Je ne revois jamais le printemps sans pleurer.
Car il me fait songer au printemps de la vie,
Aux mille illusions dont je me suis bercé,
Aux fleurs de mon chemin, à la douce harmonie
Qui charmait mon oreille aux beaux jours du passé.
Mais si le renouveau, malgré son charme immense,
Me fait toujours pleurer le temps qui m’enivra,
Il me vient apporter la suprême espérance
Qu’après le jour de deuil la floraison viendra;
Qu’il brille par delà ce monde de souffrance
Un printemps éternel où mon cœur renaîtra.